Yennayer 2961/2011
I lmend n useggas amaynu 2961/2011, Agraw Amad’lan Amazigh issaram i yal timazighin d imazighen talwit, afud, izerfan, tilelli.
Pour les Amazighs, l’année 2960/2010 a été marquée par un grand nombre d’actes de violences institutionnelles, d’injustices et de violations de leurs droits et libertés : Au Maroc, l’année écoulée a connu le maintien en prison de manière abusive des militants Amazighs Chakib El-Kheyari, Mustapha Oussaya et Hamid Ouadouch, les violences policières, arrestations et détention arbitraires à Tinghir (sud-est du pays), agressions policières répétées contre les porteurs de drapeaux Amazighs dans la rue et les stades,
interdiction des prénoms amazighs ; en Algérie, les activités du CMA ont été plusieurs fois interdites et la délivrance des agréments administratifs est refusée pour les associations indépendantes du pouvoir, la liberté de conscience et de culte a été violée, les membres du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK) harcelés par la police et la justice, les assassinats du chanteur Lounes Matoub en 1998 et de 126 autres Kabyles en 2001 demeurent à ce jour impunis, la rente pétrolière est accaparée par une Nomenklatura politico-militaire qui se maintient au pouvoir par la force et la corruption ne laissant au peuple que la misère et le désarroi, ce qui provoque la colère des populations de manière récurrente ; au Mali le Mouvement National de l’Azawad est interdit, et partout les Touaregs sont spoliés de leurs territoires traditionnels et de leurs ressources naturelles. En Libye, le racisme d’Etat anti-Amazigh continue de sévir, se traduisant par les intimidations policières et l’emprisonnement des citoyens pour le simple fait d’être Amazighs, comme cela a été le cas pour Abdellah Ashini et les frères Bouzakhar. Les Touaregs établis dans le sud de la Libye (Ubari, Sebha…) sont marginalisés et victimes d’une politique d’apartheid qui leur interdit l’accès à un logement décent, à un emploi dans l’administration, à un compte bancaire et aux études supérieures. Fidèles à l’idéologie panarabiste et refusant de reconnaitre l’amazighité du pays réel, les gouvernements des pays d’Afrique du Nord s’efforcent de mettre en échec les acquis du mouvement amazigh (notamment l’enseignement de la langue amazighe au Maroc et en Algérie) et poursuivent implacablement leurs politiques d’arabisation des Amazighs. Les Etats se définissent exclusivement comme des Etats « Arabes » et emploient abondamment des expressions surannées telles que « Maghreb Arabe », « Al Watan el Arabi », « Arabo-islamique », donnant aux Amazighs le sentiment d’être des étrangers chez eux.
Le lancement en 2010 de la première chaine de télévision en langue amazighe au Maroc aurait pu constituer un véritable lot de consolation si ce média était réellement mis au service de la promotion de la langue et de la culture amazighes, au lieu de les folkloriser. Seul le Comité onusien pour l’élimination du racisme et des discriminations raciales (CERD) nous a donné un réel motif de satisfaction en recommandant à l’Etat marocain d’«intensifier ses efforts de promotion de la langue et la culture amazighes, notamment par son enseignement et de prendre les mesures nécessaires pour s’assurer que les Amazighs ne soient victimes d’aucune forme de discrimination raciale, notamment dans l’accès à l’emploi et aux services de santé». Le Comité CERD exige également que Tamazight soit inscrite dans la Constitution comme «langue officielle», d’«assurer l’alphabétisation des Amazighs dans leur langue» et de «mettre un accent particulier sur le développement des régions habitées par les Amazighs».
Le CMA se félicite également de la récente décision prise par les Etats-Unis d’Amérique d’adopter la Déclaration des Nations Unies sur les droits des Peuples Autochtones. Il nous reste à présent à faire passer les très précieuses recommandations de l’ONU et plus généralement le droit international, au stade de l’application, ce qui ne pourra se faire sans une société civile organisée et mobilisée et des organisations politiques indépendantes et responsables.
Conformément à la charte des Nations Unies et de manière librement choisie, les peuples ont le droit à l’autodétermination. En vertu de ce droit, le Congrès Mondial Amazigh soutient le droit du peuple Canarien à son indépendance et recommande pour les autres Amazighs, l’instauration d’Etats fédéraux accordant une large autonomie aux régions historiques, aux communautés et aux peuples. C’est l’unique voie qui permettra aux Amazighs d’accéder au développement économique et social, de préserver et de promouvoir leurs institutions, leur culture et leur langue.
En cette nouvelle année, aux côtés du mouvement amazigh de tous les pays, le Congrès Mondial Amazigh réclame que Yennayer, jour de l’An amazigh, soit déclaré jour férié, chômé et payé. Mais les citoyens ne doivent pas attendre que cela soit décrété par les gouvernements, ils doivent l’appliquer unilatéralement en ne se rendant pas au travail ce jour-là et en le fêtant dignement. Conformément à leur rôle de promotion du patrimoine culturel, les collectivités territoriales sont également appelées à prendre des mesures concrètes afin que Yennayer soit vécu comme un jour de fête avec ses cérémonies et des animations dans les espaces publics.
Imazighen, Hommes Libres, font partie des derniers peuples opprimés dans le monde. Mais comme tous les peuples, leur destin est de vivre libres et dignes. C’est un but qui n’est ni démesuré ni utopique. Cependant, les droits et les libertés même lorsqu’ils sont parfaitement légitimes, ne s’offrent pas, ils s’imposent grâce à la conviction et à la volonté populaires. En conséquence, la lutte pacifique sous toutes ses formes doit se poursuivre sans relâche et avec courage et détermination pour faire reculer les abus et obtenir la reconnaissance légale et le respect effectif des droits et des libertés fondamentales des Amazighs dans tous les pays de Tamazgha et ailleurs. Le CMA agira de manière obstinée dans ce sens, tout en restant solidaire de tous les peuples qui aspirent à vivre dans la paix, la justice, le respect mutuel, la prospérité et la liberté.
Aseggas ameggaz, aseggas ifulkin, aseggas yeh’lan, aseggas ighudan, aseggas icnan, awatay wa yulaghen, bonne année, happy new year.
1 yennayer 2961 – 12 janvier 2011
P/le Bureau et le Conseil Fédéral du CMA.
B. Lounes, Président
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